Plénières/ateliers
Samedi 24
Plénière: « La vie quotidienne à l’ère du changement climatique: enjeux et luttes à mener »
Animatrice: Natalia Claasen
Intervenants: Thomas Lauwers (Mouvement d’Action Paysanne), Olivier Malay (Président du Corps scientifique de l’UCLouvain), Ezio Gandin (Amis de la Terre)…
La succession des mauvaises nouvelles ne doit pas occulter le fait que la cause climatique n’est pas perdue. L’urgence commande plus que jamais de poursuivre le combat pour limiter autant que possible le réchauffement global, ainsi que les autres dégâts environnementaux.
Mais quelle que soit leur ampleur future, les dérèglements climatiques sont d’ores et déjà une réalité qu’il convient d’intégrer dans un projet progressiste à même de subvenir aux besoins réels de la population, en harmonie avec nos écosystèmes. Aux gourous et autres prophètes de l’apocalypse, aux thuriféraires de la science toute-puissante, aux démographes méprisants, aux résignés ou aux tenants du repli sur soi, nous désirons opposer résolument une vision systémique volontaire, solidaire, positive et bienveillante.
Sans tabous, nous explorerons donc les enjeux et les luttes à mener autour de quatre axes majeurs – mobilité, alimentation, migrations et énergie – pour penser collectivement et concrètement la société de demain.
Atelier: La transition écologique cubaine comme inspiration?
Animateur: François D’Agostino
Intervenants: Anne Delstanche et Freddy Tack (Amis de Cuba)
Jusqu’à l’effondrement du bloc de l’est au début des années 90, l’agriculture cubaine était essentiellement intensive et fortement dépendante des machines et intrants chimiques fournis par par l’Union Soviétique. Malgré cela, de nombreuses denrées alimentaires étaient importées. La fin du soutien russe et le renforcement du blocus étasunien ont provoqué une grave crise économique et alimentaire longue de plusieurs années: la période spéciale. Au pied du mur, le régime et les citoyens cubains ont, en dix ans, transformé radicalement leur modèle agricole avec quelques réussites remarquables : généralisation de l’agriculture bio, boom de l’agriculture urbaine, nette amélioration de la santé des abeilles, quasi-autonomie alimentaire, faible empreinte écologique…
Malgré quelques points noirs et son caractère forcé, la transition cubaine peut-elle nous servir de source d’inspiration? Une telle transformation radicale est-elle totalement ou partiellement reproductible sous nos latitudes? Si oui, quels obstacles devraient être levés?
Atelier: Démocratie et territoires
Animateur: Sébastien Kennes (Rencontre des Continents)
Intervenants: Heidi Bonsaquet (paysanne et gilet jaune), Jean Peltier (Occupons le terrain) et Paul Hermant (Acteurs et Actrices des Temps Présents)
Bien sûr, il y a la rue et les lieux de travail, terrains naturels d’expression de combats politiques. En d’autres endroits cependant, mis en péril par la marche forcée de l’économie productiviste triomphante, abandonnés ou vendus par les politiques au service du capital, d’autres luttes émergent. À Haren, les zadistes se dressent contre le projet de méga-prison. À Namur, des habitant·e·s s’opposent à l’abattage des derniers grands arbres du centre-ville censé céder la place à un centre commercial nuisible au commerce local. Dans certains quartiers populaires, l’impact de la gentrification et du tourisme de masse est constant. De nombreuses petites exploitations agricoles souffrent. Dans les alentours des stations d’autoroute, des citoyens organisent une aide de première ligne aux migrants. Et la liste est encore longue…
Défense du cadre de vie ou de la nature, satisfaction des besoins réels, protection collective contre les externalités de l’exploitation capitaliste au profit de quelques-uns, expériences de relocalisation de l’économie… De prime abord, les finalités de ces différents enjeux de territoires divergent. Mais si au travers de ces luttes mêlant combats symboliques et aspects concrets, il ne s’agissait pas surtout de réappropriation démocratique?
Atelier: Numérisation, robotisation et transhumanisme n’ont rien à voir avec le vert et le rouge
Animateur: David Tong (Kairos)
Intervenant: Bernard Legros (mpOC), Christophe Degryse (ETUI)
Liés entre eux, ces mouvements de fond de la modernité tardive, dont les médias font une promotion acharnée, séduisent certains écologistes (comme Didier Cœurnelle en Belgique) et certains acteurs de la gauche (comme le PS en France), y voyant une continuation du Progrès, ce fétiche auquel ils ne veulent toujours pas renoncer. Pourtant, à y regarder de plus près, ces trois tendances annoncent la fin de l’humanisme classique, de la politique, de la liberté et de l’égalité, transformeraient les sociétés humaines — en particulier les villes — en fourmilières connectées, ultra-technicisées et cybernétisées, autrement appelées « smart cities ». Comme le disent nos camarades de Pièces et Main d’œuvre, notre pire ennemi c’est la technocratie, qui, actuellement, a le visage du capitalisme mondialisé.
Atelier: Quels outils pour l’écosocialisme?
Intervenants: Didier Brissa (mouvement Demain), Adrien Rosman (SEL SETCa Namur), Stéphanie Delhaye (FUGEA)
Régie ensemblière, protectionnisme écologique et social, relocalisation de la production: autant de politiques neuves qui permettent de mettre en œuvre concrètement l’écosocialisme. Mais il est nécessaire de les expliquer, de les rendre audibles et claires pour les citoyens. Ces politiques sont-elles possibles dans le cadre des traités européens et/ou de la mondialisation? Au-delà de ces questions, nous nous intéresserons particulièrement aux secteurs de l’industrie et de l’agriculture, deux secteurs ayant le plus souffert des politiques néolibérales internationales ces dernière décennies.
Plénière: « Quelle lutte des classes en 2020? »
Animateur: Didier Brissa (mouvement Demain)
Intervenants: Marcos Medina (gilet jaune), Piero Amand (Génération climat), Marijke Colle (éco-féministe), Arnaud Levêque (Secrétaire fédéral de la Centrale Générale – FGTB), un·e travailleur·euse sans papier
Pour les uns, la lutte des classes est la mère de toutes les luttes. Pour d’autres, il s’agit d’un concept dépassé et désormais inopérant dans l’analyse politique. Est-elle toujours le moteur de l’Histoire?
La réalité de l’existence de différentes classes sociales n’est pourtant pas remise en cause, même (et peut-être surtout!) à droite. Mais il est vrai que la conscience de classe s’est estompée, surtout malheureusement dans les classes populaires contaminées par la doxa néolibérale, abandonnées par la social-démocratie et décontenancées par certains mots d’ordre syndicaux. Cependant – nous l’avons vu avec les gilets jaunes -, l’émergence spontanée de luttes concrètes, certes parfois maladroites et en dehors des canaux historiques, interroge le concept.
Quel sens revêt donc encore la lutte des classes pour la masse des électeurs-consommateurs? Peut-on la penser dans l’absolu, sans avoir identifié les sources d’aliénation contemporaines? Quelles mesures politiques prendre et, du coup, avec quel rapport de forces?
Dimanche 25
Discuter avec son beauf
Animé par Olivier Starquit (Collectif Le Ressort) et Sara Graetz (Alternative Théâtre)
« Quand on cherche vraiment du boulot, on en trouve! »
« On ne peut quand même pas accueillir toute la misère du monde… »
« On a besoin des riches pour faire tourner l’économie! »
« Ces jeunes qui manifestent pour le climat alors qu’ils ont tous un smartphone et qu’ils prennent l’avion… »
« On devrait rétablir la peine de mort, ça irait beaucoup mieux! »
Ces petites phrases prêtes-à-l’emploi, des sophismes au mieux, nous les avons tant de fois entendues au café du coin, dans les réunions de familles ou à la machine à café… Et pourtant, nous nous sentons souvent impuissants lorsqu’il s’agit de les affronter.
Mobiliser en quelques secondes les éléments à opposer et résumer une pensée complexe en quelques phrases percutantes n’est pas une mince affaire. Même si nous maîtrisons l’argumentaire et parvenons à l’énoncer clairement, en prenant soin d’éviter le piège du jugement moral, l’affaire est loin d’être gagnée.
De plus, avoir raison ne suffit pas dans l’exercice prosélyte ! Spinoza, remis au goût du jour par Frédéric Lordon, avait compris comment les affects peuvent influencer les idées et la puissance d’agir des corps.
Plus proche de nous, les travaux d’Antonio Damasio sur les bases neuronales de la cognition et du comportement ont mis en évidence l’importance des émotions et des sentiments dans les processus cognitifs.
L’idéologie capitaliste, par un endoctrinement médiatique et publicitaire constant, a perverti nos désirs, colonisé nos esprits et façonné notre imaginaire. L’extrême-droite joue sur nos peurs. Certains discours « écologistes » suscitent le fatalisme. Pour convaincre, il nous faut d’abord comprendre que le processus décisionnel n’est pas commandé par la raison mais bien par les passions, les désirs, les émotions, pour ensuite y opposer des affects plus puissants.
Dans cet atelier, nous enrichirons donc les indispensables éléments d’autodéfense intellectuelle de techniques de communication émotionnelle, à partir de mise en situation ludiques, pour gagner les batailles des idées.
Désobéissance civile
Animé par Damien Charles (Quinoa asbl)
Montée de l’extrême-droite, climat, questions sociales, défense de sites naturels, enjeux urbains… Les combats ne manquent pas face à un monde politique au mieux impuissant ou démissionnaire, au pire inféodé aux intérêts du capital. Dans la rue ou les zones à défendre, sur les lieux de travail ou devant une centrale nucléaire, le recours à la désobéissance est souvent obligatoire pour conquérir des avancées démocratiques ou simplement susciter l’adhésion de l’opinion.
Mais le chemin de la désobéissance est semé d’embûches: intimidations et répressions policières, arrestations arbitraires, couverture médiatique partisane… Dans cet atelier mixant éléments théoriques et exercices pratiques de mises en situation, vous pourrez apprendre les droits élémentaires du manifestant et les techniques permettant de mener à bien des actions directes non violentes.
Écriture théâtrale
Animé par Thierry Wenes (« Tu dors où ce soir? », le seul spectacle qui parle de toit)
Alors que petits éco-gestes individuels, à condition qu’ils soient effectués par toute la population, ne représenteraient que 15 à 20% de l’effort à fournir pour le climat, ils sont présentés comme l’alpha et l’omega de la nouvelle conscience écologiste. Avatar de l’idéologie individualiste néolibérale, alibi du capitalisme, pensée occidentalo-centrée, la théorie des petits pas a contaminé les médias, investi le champ publicitaire et pollué nos esprits. Si la bonne foi de certains de ses partisans est louable, ces seules actions, parfois teintées de mépris de classe, nous dispensent de penser le système dans lequel nous évoluons et nous éloignent des solutions politiques, structurelles, systémiques pourtant urgemment impérieuses et strictement indispensables. Cette démission – par ignorance, par méfiance, par intérêt ou par fatalisme – de la sphère politique, couplée aux ravages de l’éco-anxiété, peut également ouvrir la voie aux gourous et aux escrocs (au moins intellectuels).
Pour contrer la propagande néolibérale, repolitiser les esprits et œuvrer à l’émergence d’une écologie populaire, une action culturelle efficace est indispensable. Dans cette optique, le concept de la conférence gesticulée s’est révélé ces dernières années comme un outil de conscientisation intelligent et divertissant. Dans cet atelier, nous apprendrons à appréhender les exigences du format de la conférence gesticulée et initierons l’écriture d’un spectacle destiné à promouvoir auprès du grand public la nécessaire articulation des questions écologiques et sociales.
Zéro déchet, cuisine, cosmétiques, savons et détergents
Animé par Marie-Claire Hames (écosocialisme au quotidien)
Pour réduire l’impact de l’activité humaine sur la nature, les petits gestes individuels ne suffiront pas. Si des changements systémiques sont indispensables, les modes de vie tendant vers le zéro déchet peuvent néanmoins entrer en résonance avec une action politique à plus grande échelle. Outre leur conformité avec l’engagement politique, notamment par la prise de distance avec la société de consommation, les éco-gestes peuvent également être bénéfiques pour le portefeuille. Réduire ses déchets, “écologiser” ses habitudes, manger plus sainement, créer son autonomie, cela s’apprend!
Dans cet atelier, nous apprendrons les rudiments du zéro déchet et les recettes faciles pour pouvoir faire ses produits soi-même pour prendre soin de soi et de sa maison.